L’hypnose dentaire, bien que perçue comme une nouveauté pour beaucoup, puise en réalité ses racines dans un passé lointain. Depuis quelques années, nous assistons à un regain d’intérêt pour cette pratique, notamment dans le domaine dentaire. Mais est-il juste de parler de découverte? Pas vraiment. Il s’agit plutôt d’une redécouverte d’une méthode ancienne.
Les premières mentions de l’utilisation de l’hypnose en dentisterie remontent au XIXe siècle. À cette époque, des interventions dentaires, notamment des extractions, étaient réalisées sous hypnose. Parmi les pionniers, on retrouve le Dr Martorel en 1819, le Dr Oudet en 1836, et le Dr Elliotson en 1840. Ce dernier, dans son ouvrage intitulé “Numerous cases of surgical operations without pain in the mesmeric state”, recense plus d’une douzaine de cas d’extractions dentaires effectuées sous l’influence du mesmérisme, une forme d’hypnose non verbale sans aucune suggestion orale.
Vers la fin du XIXe siècle, l’hypnose connaît son âge d’or en France. Elle est enseignée dans les Facultés de Médecine de Nancy et Paris. Toutefois, au début du XXe siècle, l’enseignement de l’hypnose décline en France avant de ressurgir dans les pays anglo-saxons.
Aux États-Unis, l’intérêt pour l’hypnose dentaire se concrétise dans les années 1930. Le Dr Burgess, pionnier en la matière, propose le premier cours intitulé “Psychosomatic sleep course in dentistry”. Cette initiative marque la naissance de l’American Society of Psychosomatic Dentistry, avec son premier congrès organisé en 1948.
Simultanément, à New York, d’autres sociétés d’hypnose dentaire voient le jour, telles que le “Hypnotics Study Club for Dentist” en 1948 et l'”American Society for the Advancement of Hypnodontics” en 1950. Ces sociétés jouent un rôle crucial dans la diffusion et la reconnaissance de l’hypnose dentaire aux États-Unis.
L’après-guerre marque une période de développement intense pour l’hypnose médicale, notamment pour traiter les traumatismes psychologiques et physiologiques des soldats. Les résultats positifs obtenus ont conduit à la reconnaissance officielle de l’hypnose comme discipline médicale et scientifique par l’American Medical Association en 1958 et par la British Medical Association en 1955.
En France, l’hypnose dentaire reste discrète jusqu’aux années 1970, avec les travaux du Dr Cherchève. Cependant, ce n’est qu’en 2015, avec la publication du rapport de l’INSERM, que l’hypnose est officiellement reconnue sur le plan médical et scientifique dans le pays. Cette reconnaissance se traduit par l’introduction de l’hypnose dans les Facultés de Chirurgie Dentaire, notamment à Nice Sophia Antipolis, où est créé le premier Diplôme Universitaire d’Hypnose Dentaire (D.U.H.D).
Depuis, des ouvrages spécialisés, comme ceux du Dr Simons (2007), B. Comar (2015), et des Drs Lemaire et Pouysségur (2020), voient le jour, accompagnés de formations dédiées à l’hypnose dentaire.
L’histoire de l’hypnose dentaire nous rappelle que les techniques anciennes peuvent resurgir et s’adapter aux besoins contemporains. Ce savoir-faire, longtemps mis de côté, retrouve aujourd’hui une place de choix dans la médecine dentaire moderne, offrant des alternatives thérapeutiques intéressantes pour les patients et les praticiens.
Félicitation !